Mon expérience avec les Volcaniques d’Auvergne

Bonjour petits chats tatoués

Aujourd’hui je vous parle d’une cause et d’une association qui me tiennent énoooooormément à coeur ! Il s’agit bien sûr du tatouage de cicatrices post traitement du cancer et de l’association les Volcaniques d’Auvergne.

Tatouer les cicatrices de la vie

Depuis quelques années, vous le savez, je reçois dans mon petit atelier des personnes qui ont des cicatrices et souhaitent se réapproprier leur corps à travers le tatouage. Cela a commencé lorsqu’une femme traitée du cancer du sein a passé le pas de ma porte, en me donnant toute sa confiance et son lâcher prise. Touchée par son parcours et son courage, j’ai pris le mien à deux mains et sauté le pas.

C’était particulièrement satisfaisant de voir les stigmates de la maladie éclore en fleurs d’encre. Et à mesure que ses marques du passé disparaissaient, nos sourires grandissaient. Suite à cette première expérience réussie, le bouche à oreille a fait son œuvre et j’ai reçu de magnifiques survivants venus dire merde à leurs opérations, leurs accidents, leurs maladies.

Mon travail prenait alors tout son sens, et pourtant cette évolution vous ne l’avez pas forcément suivie, car je ne la partageais pas sur les réseaux. Beaucoup d’anonymes souhaitaient que nos échanges restent discrets, et moi même je ne me sentais pas forcément encore légitime dans ce travail de reconstruction. Sûrement parce qu’encore jeune et autodidacte dans cette spécialité. Mon rapport aves les réseaux sociaux était alors aussi différent, et je me sentais dans l’obligation de ‘protéger’ mes petits survivors du regard des autres, du jugement de la toile. Pourtant aujourd’hui, j’ai compris que lorsque notre propre bienveillance et notre démarche sont transparentes, la loi de l’attraction vous apporte les bons yeux dans ce que vous montrez. Mais ça c’est quelque chose dont on a discuté dans l’article « Réseaux sociaux et bienveillance« .

Revenons à nos chers tatouages sur cicatrices, quelques année en arrière.

Ma vie personnelle subit un grand virage lorsque l’une des personnes les plus chères à mon cœur traversa elle aussi un duel avec le crabe, ce connard de fucking cancer. Cette saloperie la mit à terre plusieurs fois, et son corps en garda des séquelles. D’un optimisme à toute épreuve, la prunelle de mes yeux me fit la promesse qu’une fois rétablie elle passerait à son tour sous mes aiguilles, afin de réparer ces fêlures. J’étais si peu sûre de moi et anxieuse de tatouer quelqu’un d’aussi proche (je sais pas pour mes collègues tatoueurs, mais moi, tatouer la famille, ça me met une preeeeession!!!!!), que j’étais presque rassurée que ça ne puisse pas se faire tout de suite. Et c’est un sentiment qui m’a énormément fait souffrir et culpabiliser par la suite. Croire qu’on a le temps, que la vie nous laissera pleins de moments plus tard pour faire tout ce qu’on prévoit. Voilà la belle traîtrise du sort. Un coup de fil vint tout bousculer, un adieu douloureux et très soudain, et tout était fini.

Plus rien ne fût pareil. Je n’ai alors plus tatoué de cicatrices. Du moins, pendant un long moment. Je fuyais le cancer, son évocation même.

Je n’ai d’ailleurs plus tatoué du tout pendant quelques temps, rattrapée par mon chagrin et tous les regrets qui me paralysaient littéralement. Lorsque la vie reprit un peu son cours normal, un autre coup de téléphone vint tout faire basculer.

Allô ?

Janvier 2019. C’était Christine au téléphone. Une radiologue clermontoise, spécialisée dans l’imagerie du sein, qui me contactait pour me parler d’un projet fou. Elle et ses amies sportives revenaient tout juste d’un raid de 4 jours en Laponie pour récolter des fonds pour le cancer du sein. Je marque une pause pour que vous relisiez la phrase précédente et mesuriez le courage des nanas qui ont couru dans un froid polaire par pur altruisme. Engagées dans cette noble cause et désireuses d’aider encore plus à l’échelle régionale, elles souhaitaient s’inspirer d’une association bordelaise, les Sœurs d’Encre, et créer la même chose à Clermont-Ferrand. Christine, une femme charismatique et motivante, me proposait de venir avec elles à Bordeaux rencontrer Nathalie Kaïd et quelques tatoueuses de l’association Sœurs d’Encre afin de comprendre leur fonctionnement et réfléchir à comment déployer cette même belle énergie chez nous, au milieu des volcans.

L’aventure débutait, et quelques mois plus tard, notre équipe de tatoueuses auvergnates formée, nous nous lancions dans la même mission, accueillies par la Ligue contre le Cancer 63. J’ai mis toute mon énergie dans ce projet, en aidant sur divers aspects -à vrai dire tout ce que je pouvais ou savait faire je m’impliquais frénétiquement-. Au delà de l’engagement bénévole pour la journée Rose Tattoo, j’ai mis cette « mission » en tête de liste de mes priorités car je me sentais comme « remise sur les rails » et mon engagement auprès de ces femmes et de cette cause étaient une évidence. J’avais cette soif intarissable de me sentir utile et d’aider. Même si le tatouage a déjà et presque toujours une dimension thérapeutique, là le processus d’acceptation, de résilience et de transformation est très fort. Ca me nourrissait littéralement.

Aujourd’hui, après 2 éditions réussies de Rose Tattoo, une multitude d’évènements, de travail et de magnifiques rencontres, je suis fière d’être une Volcanique d’Auvergne. J’ai compris aussi qu’aussi beau soit ce projet, et aussi fort qu’il me tienne à cœur, je dois lever un peu le pied et diviser un peu de ce temps de bénévolat pour avoir quelques moments rien qu’à moi. On a tendance à tellement vouloir en faire quand notre cœur se nourrit de si belles expériences, qu’on oublie parfois de souffler, entre deux ascenseurs émotionnels. Quelques fois, après des heures à parler de ce foutu crabe, après des heures à tatouer des corps mutilés, à passer par des sentiments incroyables, je me suis effondré. Donner, mais aussi se donner à soi… Se ressourcer pour pouvoir partager… Une des nombreuses leçons de cette belle épopée. La magnifique expérience de Rose Tattoo me permet de venir en aide à des femmes exceptionnelles, et c’est à chaque fois un moment magique… Mais qui coïncide chaque année avec un autre anniversaire, plus difficile à gérer émotionnellement, de vraies montagnes russes ce mois d’octobre rose.

C’est aussi ça toute la beauté de cette cause, de passer par des moments magnifiques indescriptibles, mais aussi se confronter à la douce cruauté de la vie, des parcours épineux qui nous sont contés, de la mémoire de ceux qui n’ont pas eu de chance… Et puis dans les pires moments de tristesse, la lumière de l’une d’entre elles qui nous envoie sa gratitude, une autre qui nous donne sa plus belle leçon d’optimisme, encore une autre qui nous fait le câlin qu’on n’a pas demandé mais qui nous manquait depuis si longtemps. Les montagnes russes je vous dis. Alors, j’en ai fait la promesse, les Volcaniques pourront toujours compter sur moi. Parce que toutes les femmes que j’y côtoie sont belles, fortes, magiques. Ces femmes. Que les rencontres qu’elles m’ont permises me forgent, me construisent, me canalisent. Elles m’autorisent à sublimer mon chagrin. D’adresser un petit clin d’œil à ma bonne étoile.

Et de devenir, moi aussi, une femme.

<3

Photo @amandine_baudet

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